[Résidence Heavenly] [T] Tout comme la lune et le soleil s'oppose ... [ABANDONNÉ]

Lorsque le réveil se mit à sonner, la jeune fille se tourna et posa la main sur le dessus de l'appareil pour stopper la sonnerie infâme qui en sortait. Elle était réveillée depuis de longues minutes pour ne pas dire de longues heures. C'était trop déprimant sous cet angle. Elle avait encore fait un rêve qui lui rappelait son passé et l'empêchait de se rendormir après. Elle avait des périodes où cela arrivait souvent. Elle ne pouvait rien y faire. Et elle refusait de suivre les conseils du médecin qui voulait lui coller des médicaments pour l'aider. Elle n'avait pas envie de finir complètement abrutie. Elle comptait prendre sur elle, espérant qu'un jour, elle arriverait à surmonter ces mauvais souvenirs.

Se glissant sur le côté, elle se leva de son lit, quittant son haut qu'elle lança négligemment sur le bord du lit alors qu'elle se dirigeait vers la salle de bain. Elle avait cours qu'en fin de matinée. Elle n'était pas pressée mais elle s'était levée tôt pour ne pas rester comme une idiote à tourner dans son lit pour rien. Elle voulait se changer les idées pour arriver à la fac sans avoir une tête de déprimée. Elle ne voulait pas que des gens trop curieux lui sautent dessus. Elle était assez distante à la base et préférait être seule. Elle pouvait mieux se concentrer sur le cours qu'elle suivait. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait faire. Peut-être entrer dans la police. Mais était-ce une bonne idée ? Elle l'ignorait et se laissait guider pour le moment. Elle verrait bien en finissant sa licence ou alors son master si elle allait aussi loin. Elle ne pensait pas avoir la foi de faire un doctorat. Ce n'était pas pour elle.

Devant son armoire, après sa douche, elle resta un long moment à fixer ses habits. Elle n'avait rien de sexy ou de tendance, juste des habits simples mais à chaque fois, elle ne savait pas comment s'habiller. Elle finit par opter pour un débardeur à rayures, un jean noir et un sweat gris. Elle enfila ensuite ses chaussures, des bottines à lacets faisant penser à des dock martins mais en plus fine et sa veste en jean. Elle saisit son sac qui traînait dans un coin de l'entrée et qui comptait pile de quoi prendre ses cours, avant de filer hors de son appartement. Le quartier craignait. Elle le savait et pourtant, elle n'avait jamais eu de souci. Personne ne l'avait embêté. Même son voisin était quelqu'un de sympa malgré ses airs féroces. Il était toujours là pour l'aider si elle avait un souci et même si elle n'était pas à l'aise avec les hommes, elle l'appréciait quand même. Et c'était bien le seul. Quoi qu'elle sentait qu'elle pouvait faire confiance à un gars du club de photographie. Il n'avait pas l'air méchant, à tel point qu'il avait souvent l'air d'être la victime des autres. Si elle le connaissait mieux peut-être qu'elle aurait osé s'en mêler.

Filant dans les rues, elle se dirigea instinctivement jusqu'à l'arrêt de métro qu'elle utilisait toujours pour bouger. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire en attendant les cours mais elle se disait qu'elle pouvait aller vers le campus et ensuite improviser. Il y avait toujours quelque chose à faire dans les environs. Elle était dans la plus grande ville de France après tout. Passant la borne, elle capta plus de bruit que d'ordinaire et des gens qui sortaient en râlant. Le métro devait encore avoir un souci. Comme elle était en avance, elle n'était pas stressée à l'idée d'arriver en retard. Et puis c'était la fac, si elle n'y allait pas, personne ne lui en voudrait. Elle n'était pas boursière et pourrait toujours demander à quelqu'un de lui passer le cours.

- Il va jamais remarcher ou quoi ?, S'exclama un homme alors qu'elle passait derrière pour se diriger à l'autre bout du quai. Elle aimait bien être au bout. C'était comme ça et elle n'avait pas de bonnes explications pour ça. Lorsqu'elle arrivait à son arrêt, elle n'atterrissait même pas devant la sortie. Peut-être parce qu'il y avait généralement moins de monde au bout du métro. Elle n'avait même pas envie de chercher d'explication pour quelque chose d'aussi insignifiant.

Levant la tête, la jeune fille remarqua que le métro marquait « dix minutes de perturbation ». Mais au vu de ce que les gens disaient, cela ne devait pas être dix minutes. C'était comme pour les trains, les dix minutes étaient toujours 40 minutes, voire bien plus. A croire qu'ils n'avaient pas la même notion du temps que les autres.

- Pardon, vous savez ce qui se passe exactement ?, Demanda-t-elle à la jeune fille à ses côtés qui semblait être la plus sereine des environs. Elle était debout à attendre. Megumi pensait que le problème n'était peut-être pas si grave si la jeune fille attendait comme ça le métro plutôt que de s'énerver ou partir. Ou alors, elle était comme elle et n'avait aucune idée de ce qui se passait vraiment.

Megumi attendit patiemment que la jeune fille lui réponde. Elle ne tiqua même pas quand l'autre lui dit « bonjour ». Il fallait avouer qu'à un inconnu à qui on parlait que quelques secondes, la politesse n'avait pas toujours sa place. Les gens étaient plus pressés d'avoir leur renseignement que de faire ami-ami avec la personne. Cela avait toujours été comme ça autour de la jolie rousse.

- Hein ? Deux heures ? Mais … Il … Pourquoi ne pas avoir pris le bus ou marchait au lieu d'attendre ?

Elle restait sur le cul. La jeune fille devant elle avait vraiment attendu tout ce temps sur le quai qu'un métro se décide à venir ? Elle devait la faire marcher. Pourtant Megumi sentait que la jeune fille était spéciale. Elle ne dégageait pas l'aura d'une personne qui aimait se moquer des autres en sortant des trucs de dingue avec une tête des plus sérieuses. Mais c'était bien la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un comme cela. Personne n'était assez patient pour attendre aussi longtemps sans bouger. Ses pieds ne lui faisaient pas mal à force de rester planté là ? Peut-être avait-elle pris le temps de s'asseoir un peu. Mais dans sa tête, elle la voyait bien rester plantée là pendant deux heures, debout. C'était dingue. Complètement fou. Il y avait vraiment des gens bizarres dans ce monde.

- Vous n'habitez pas ici ? Ou alors si vous ne connaissez pas le chemin pour aller où vous voulez, je peux peut-être vous aider ?

Megumi ressentait en elle le besoin d'aider cette jeune fille. Elle dégageait une sorte d'aura pure et innocente. C'était étrange mais cela allait bien avec la personne qui lui faisait face. Elle pouvait faire complètement fausse route, elle le savait. Pourtant elle préférait perdre son temps que de la laisser sans avoir tenté de l'aider un peu avant. Même si son vis-à-vis refusait l'aide, elle serait plus tranquille après. Elle ne voulait pas partir et passer sa journée à se demander si la jeune fille avait fini par s'en sortir ou si elle avait enfin eu un métro. Car vu la situation, il n'allait pas en avoir avant un moment. Megumi se félicita d'être partie en avance et pourrait ainsi prendre différents bus pour arriver jusqu'à l'université. Mais comme elle avait du temps devant elle, elle allait venir en aide à cette jeune fille si celle-ci le voulait bien.

Plus le temps passait, plus Megumi trouvait cette jeune fille étrange. Une journée d'observation ? C'était quoi ce délire ? Avait-elle un problème ? Quelqu'un l'avait-til tapé ou s'était-elle cognée en se levant ? La rouquine ne voyait pas bien quelle explication pourrait expliquer cette idée saugrenue. Mais qui état-elle pour juger ? Finalement, elle pourrait l'aider tout en allant à l'université. Il y avait énormément de gens là-bas avec tous les étudiants. Sa vis-à-vis pourrait donc trouver son bonheur là-bas.

- Je vais à l'université, là-bas y a du monde. Donc vous pouvez m'accompagner. Je vais prendre le bus.

Parler avec quelqu'un aussi étrange soit-il faisait du bien. Meg s'était enfermée dans son chagrin depuis trop longtemps maintenant. Sa vie n'avait aucun sens depuis la mort de son frère. Elle donnerait tout pour le retrouver mais elle était sûre que personne ne pourrait exaucer son voeu. Elle devait se faire une raison et avancer. C'était juste plus dur qu'il n'y paraissait. Elle ne savait pas comment s'y prendre. Peut-être qu'elle finirait par trouver un truc miracle pour s'en sortir, en attendant, elle faisait comme elle pouvait.

Une annonce retentit dans le métro, annonçant que le métro serait coupé toute la matinée pour des raisons de danger immédiat. Megumi savait que la jeune fille serait capable d'attendre encore longtemps, peut-être même jusqu'au retour des métros et au fond, cela lui faisait presque peur. Pourquoi vouloir à ce point attendre ? Qu'est-ce qu'une foule de gens pourrait lui apporter ? La curiosité n'était pas son fort, pourtant cette fois, elle n'avait qu'une envie, en savoir plus. Elle voulait comprendre l’énigme que représentait la jeune fille devant elle.

Maintenant, il n'y avait plus personne en bas. Il était temps de remonter à la surface et d'affronter la foule qui devait attendre le bus, si elle n'avait pas déjà vu deux ou trois passer depuis le temps. Megumi n'était pas si pressée, elle attendait la réponse de la jeune fille avant de partir. Elle ne voulait pas tourner les talons et lui imposer son idée. Si elle refusait, tant pis. Elle aurait tenté et ne regretterait pas d'avoir proposé son aide.  

Les arrêts de bus étaient bondés. La foule s'y entassait dans l'espoir de pouvoir prendre le prochain mais vu celui qui arrivait, ils allaient devoir en attendre plusieurs avant de réussir à monter dedans. La jeune fille, qui s'était finalement rapidement habituée à la petite main qui tenait la sienne, commençait à regretter d'avoir proposé de prendre le bus. C'était une très mauvaise idée. Pire qu'attendre le métro.

- J'ai presque envie de sécher et d'aller faire du vélo loin d'ici.

Ces quelques paroles lui échappèrent alors qu'elle pensait à un autre moyen d'arriver à l'université sans y passer des heures et des heures. Sa compagne de route voulait voir des endroits bondés et les arrêts de bus en faisaient partis maintenant mais Megumi savait qu'elle ne supporterait pas longtemps cette foule. Elle fuyait tout pour se retrouver seule et penser à sa vie, à ce qu'elle était devenue depuis la mort de son frère aîné. C'était idiot, elle le savait mais la foule ne faisait que la rendre malade. Il n'y avait qu'à la fac qu'elle la supportait. Là-bas, on ne la jugeait pas et si elle voulait rester dans sa bulle, elle le pouvait. Personne ne l'embêtait.

- Le bus est une très mauvaise idée. Enfin, tu peux toujours y rester, mais je ne peux pas me permettre de reste debout pendant une heure dans l'espoir d'avoir un bus pour m'y entasser avant d'arriver à la fac. Donc soit tu restes, soit tu t'embarques dans une aventure car je ne pense pas avoir la force d'affronter la fac aujourd'hui. J'ai envie de partir loin et profiter du beau temps. Je peux quand même voir à t'entraîner jusqu'à un endroit bonder et t'y laisser. Mais moi, je vais sortir de la ville.

Megumi sentit la crise d'angoisse monter. Pourquoi maintenant ? Si elle comprenait comment cela se déclenchait, elle pourrait les éviter, mais ce n'était pas si évident. Elle pourrait toujours aller s'acheter à boire pour prendre son anxiolythique et s'abrutir pour la journée. Mais elle détestait ça et elle n'avait plus qu'un moyen pour s'en sortir, enfourcher un vélo et partir loin d'ici, profiter d'un moment de liberté. L'intérêt de l'université, c'était de pouvoir sécher les cours quand on n'est pas boursier. Elle ne voulait pas non plus abandonner la jeune fille et lui proposait donc de l'emmener quelque part avant de prendre le large pour quelques heures.

Elle avait envie de fuir. Fuir quelques temps et de se libérer de toutes ces tensions qui alourdissaient son fardeau.