[Insurgents against Gods] [T] Deux vies différentes, un destin commun [ABANDONNÉ]

Des pas. C’était le bruit qui lui était parvenu depuis sa position. Il chercha rapidement quelque chose pour l’aider à se défendre. Il y avait des chances pour que ce soit l’un des siens. Mais il restait une bonne probabilité pour que ce soit un ennemi. La chance n’était pas toujours du côté des rebelles et il était préférable de se préparer au pire en toute circonstance. Il repéra donc un vieux tisonnier sur lequel il se jeta et l’agrippa fermement avant de se tourner vers l’entrée, prêt à bondir sur la personne qui s’approchait. Son pouls accélérait à chaque pas. Il sentait qu’il allait bondir avant d’avoir vu la personne à se rythme. Mais il ne bougea pas d’un poil, même s’il voyait clairement la personne qui n’était pas son alliée. Celle-ci semblait neutre, pas comme lors de la dernière rencontre. Ce ne fut pas pour autant que Scott lâcha son arme et se détendit. Il restait méfiant. Il n’avait pas confiance en la population de Midgard, surtout à celle qui travaillait pour ce gouvernement pourri jusqu’à la moelle.

- Mon nom ne t’avancera à rien !

Inutile d’espérer que Scott se montre amical. Il avait connu l’enfer en bas et il luttait pour sa survie chaque jour, ainsi que celles des habitants qui l’attendaient avec les médicaments qu’il avait encore dans ses poches.

- Et si tu veux les médicaments, compte pas sur moi pour te les donner gentiment !

Se redressant doucement, il se mit face à l’homme qui était arrivé. Il avait déjà zappé son nom. Mais ce n’était pas comme s’il avait tenté de le retenir. Il n’avait que faire des gardes et autres personnes qui se mettaient en travers de sa route lorsqu’il était en mission. Tout ce qui comptait c’était de terminer la mission et surtout de survivre, quoi qu’il en coûte. Il resta donc à bonne distance de la personne, son arme de fortune en main, sans prêter attention à ce que le jeune homme venait faire ici.

- Et arrête de sourire ! Comme si t’avais envie de faire ami-ami avec ton ennemi !

Scott ne croyait pas en l’humanité, du moins, personne sur Midgard n’en avait. Les gens étaient égoïstes, luttant contre leurs semblables pour ne pas les voir obtenir un statut équivalent aux leurs. Ils luttaient pour rabaisser leurs semblables. Cette façon de faire l’écoeurait et il avait pris en grippe tous les midgardiens, sans la moindre exception. Il ne pouvait pas croire qu’un pouvait avoir une façon de penser différente, surtout pas un qui bossait pour le gouvernement.

- Depuis quand on doit être poli avec son ennemi ?

La fatigue, la faim, le stress, la colère, tout faisait que Scott était sur les nerfs, prêt à bondir au moindre geste brusque. Mais plus les minutes passaient et plus il commençait à comprendre les intentions de son ennemi. Alors lorsqu’il vit la nourriture arriver à ses pieds, il consentit à baisser un peu sa garde pour se nourrir. Il avait besoin de force pour lutter. Il le savait. Et il ne devait pas faire le poids contre cet homme dans son état actuel. Il s’accroupit au sol, déposant son tisonnier à ses côtés et attrapa la bouteille d’eau. Il devait d’abord se réhydrater. Il but donc de longues gorgées de la bouteille d’eau avant de la reposer au sol et d’attraper le paquet de chips.

- Scott.

Ce fut le seul mot qu’il consentit à donner à son ennemi alors qu’il commençait à manger avec appétit. Courir, se battre, stresser lui avait ouvert l’appétit. Il avait un peu honte de se laisser ainsi aller devant un des chiens du gouvernement comme les rebelles aimaient les qualifier mais c’était une question de survie. Aucun rebelle qui faisait passer son honneur avant sa survie ne pouvait vivre assez longtemps pour revenir chez lui. Ils le savaient tous et chacun avait accepté de laisser son honneur aux oubliettes depuis belle lurette.

- Mais explique-moi une chose, pourquoi tu fais ce boulot de connard alors qu’en dehors tu essayes de nous aider ? Sérieusement, un type comme toi ne devrait pas torturer des gens alors qu’il en aide d’autres, c’est pas logique.

Même s’il n’avait pas envie de connaître le point de vue des midgardiens, ne les supportant pas du tout, il avait envie de comprendre pourquoi cet homme agissait ainsi. Il ne comprenait vraiment pas sa logique, elle dépassait l’entendement.

- Je te déteste, et même plus que la plupart des autres gardes ou autres cons à la solde du gouvernement. Tu es le connard qui n’a pas eu pitié de Max et qui l’a envoyé crever lentement au fond du trou où on l’a poussé car il n’avait je ne sais pas quoi qui l’empêchait d’être votre égal aux yeux de ces gros porcs de dirigeants. Alors oui, je te hais.

Scott était dur dans ses propos mais il ne devait rien à cet homme. Il avait une vie déjà bien horrible et il n’avait aucune raison de se montrer conciliant avec ceux qui avaient une vie convenable alors qu’eux, ils pourrissaient au fond d’un trou. De plus, avoir laisser Max revenir à moitié mort pour le laisser pourrir lentement en bas était la pire des décisions que Finn avait pu prendre. Le châtain ne pardonnerait pas facilement à quelqu’un qui préférait laisser un être vivant crever lentement plutôt que de se montrer un tant soit peu humain en l’achevant. Ne pas se salir les mains, voilà l’excuse, et c’était inacceptable.

- Je préfèrerai même avoir à faire à Demi et aux deux autres monstres. Au moins, ils essayent pas de se pseudo racheter pour rien, eux. Ils assument jusqu’au bout. Alors tu peux nourrir qui tu veux, tenter d’en laisser passer, ça ne rattrapera aucune de tes actions. Tu es aussi pourri que les autres.

Il n’était clairement pas en position de se défendre, étant encore faible après tant de batailles et à cause de la sous nutrition, mais il n’était pas question de faire ami-ami avec son ennemi, surtout pas avec un type qui n’osait pas se salir les mains juste pour avoir la conscience tranquille.

- Et tu as raison. Je ne tiens pas à retenir ton nom. Je ne sais même pas comment j’ai retenu celui de l’autre démone. Mais toi, y a aucune chance que je m’en souvienne. Et si ça te plait pas, t’as qu’à me tuer. Des gens comptent sur mon retour, des gamins attendent des médocs dans l’espoir de survivre un peu plus, mais t’en as rien à faire. Y a que ta petite vie paisible qui t’intéresse !

Laissant le chef d’interrogatoire partir continuer sa petite affaire dans ce quartier désert, Scott resta de marbre devant la petite fiche qu’il avait entre les doigts. Il n’avait aucune envie d’aller revoir cet homme. Il lui déplaisait fortement et n’avait rien à lui à part répéter pour la énième fois à quel point il détestait les types dans son genre. Autant dire que ce n’était pas ce genre de propos qui allait l’aider à garder sa tête. Et puis, il n’était pas question de laisser toute la nourriture pour les autres. Il était en charge des médicaments, il était donc prioritaire. Les autres rebelles ne lui en voudraient pas, au contraire. Ils se sacrifiaient tous pour la survive des leurs, alors inutile de se battre entre eux. Surtout que les médicaments étaient rares et précieux alors quiconque en possédait était quelqu’un d’important et de prioritaire. C’était ainsi que cela fonctionnait en bas.

- Ah ! Le salaud, il s’est fait la malle !

Ces paroles glacèrent le sang au jeune rebelle caché dans la maison. Il entendait des pas venir de dehors et les voix qu’il captait depuis l’intérieur ne lui étaient pas inconnues. Au contraire, il les connaissait trop bien. Il savait déjà à qui il avait à faire et il commençait sérieusement à craindre pour sa survie et donc celles de ceux qui l’attendaient en bas.

- T’as vu où il est rentré ?
- Non. Y a trop de maisons vides, il peut être dans n’importe laquelle.
- Allons, Demi-chou ! Ne sois pas pessimiste, on va bien le débusquer et lui arracher les tripes pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas à s’aventurer par là.

Même si Scott ne voyait pas les deux personnes, il savait pertinement quels visages ils affichaient. L’un montrait un sourire sadique tandis que l’autre devait garder une mine froide même si à l’intérieur elle devait bouillonner d’envie de réduire en miette un des rebelles qui semblaient les avoir attiré par ici en fuyant. C’était bien sa veine. Il croisait les doigts pour qu’aucun ne vienne à sa rencontre.

- Allez, je vais dans celle-là et toi, tu vas voir la suivante. Si on les fait toutes, on va bien le coincer, le petit saligaud !
- Ok.

Le cœur battant à tout rompre, Scott s’approcha lentement de la fenêtre présente dans la salle où il était et qui donnait sur l’extérieur. Ce n’était pas Demi et son arc qui venait à sa rencontre, mais s’il affrontait l’autre tête baissée, il risquait de se faire découper en petites rondelles. Il n’avait donc plus qu’une seule solution. Il devait attendre le dernier moment pour passer par la fenêtre et courir. Courir où ? Courir à l’adresse qu’on venait de lui fournir s’il arrivait à semer les deux gardes de frontière.

Attendant le bon moment, Scott crut qu’il allait mourir de peur, tétanisé sur place. Ce genre d’actions ce n’était pas la première fois qu’il y avait le droit mais à chaque fois, il avait l’impression que son cœur allait se faire la malle. Les pas se rapprochaient, avançant lentement dans le long couloir qui servait d’entrée. Il attendit le tout dernier moment avant de bondir par la fenêtre, alertant forcément les deux gardes. Mais le temps que l’un le rejoigne et que l’autre comprenne ce qui se passait, Scott avait déjà filé et s’était engouffré dans un dédale de petites ruelles. Il s’attendait quand même à se faire poursuivre mais rien. Il le constata rapidement avant de se décider à aller rejoindre l’adresse qu’on lui avait donnée. Il n’en avait pas envie mais avait-il d’autre choix ?

Par chance, il avait rejoint l’adresse que l’autre lui avait donné. Son nom lui échappait et il n’avait pas la tête à se remémorer la conversation. Il avait peut-être encore les autres fous qui le collaient et tentaient de le coincer, même s’il avait bon espoir de les avoir semé. Il était seul et loin de l’endroit où il s’était réfugié avant que les deux démons ne le coincent. Mais il ne les voyait plus, n’entendait pas de bruit de pas précipités prêts à lui sauter dessus. Il s’était donc glissé jusqu’à une fenêtre qu’il déverrouilla grâce une technique plutôt élaborée et se glissa à l’intérieur. Il ne pouvait pas permettre d’attendre qu’on lui ouvre ou de sonner à la porte. C’était trop risqué, il y avait de fortes chances qu’on le coince s’il ne faisait pas attention. Il referma la fenêtre et décida à s’introduire à l’hôte de la maison. Cela comportait des risques mais sûrement moins que d’affronter les démons de garde. Ils étaient les pires et ils n’auraient aucune pitié, c’était bien connu.

- Navré pour l’intrusion, mais vous m’avez dit de ne pas me faire remarquer. C’était donc le seul moyen … Et j’aurai bien évité de venir mais certains ont décidé de patrouiller là où j’étais caché.

Il était seul, dans la cuisine, d’après ce qu’il pouvait voir et aussi tenté qu’il ne pouvait l’être, il resta de marbre face à la nourriture et ne bougea pas d’un poil. Il avait fermé la fenêtre mais il était capable de se jeter dessus pour fuir. Il n’avait pas peur de finir avec des morceaux de verre partout. Les conditions en bas étaient horribles et ce genre de douleur n’était rien comparé à ce qu’il avait pu connaître certaines fois. Alors comme il n’était pas sûr que ce ne soit pas un piège, il restait sur ses gardes, prêt à se battre ou à fuir à nouveau. Mais il était presque à bout de souffle. Fuir les deux autres lui avait demandé beaucoup. Il avait couru comme un dératé. Il avait cependant eu une chance énorme puisqu’il n’avait croisé personne dans les rues qu’il avait empruntées. Il ne devait donc pas y avoir beaucoup de gens qui regardaient à leurs fenêtres à ce moment-là et pour témoigner qu’il avait vu quelqu’un passer par là. Il avait couru tellement vite que personne ne pourrait l’identifier. Il était ainsi persuadé que personne ne pourrait guider les deux démons jusqu’à lui.

- Je suis cependant sûr de ne pas les avoir amené jusqu’ici.

Scott avait préféré rajouter cette dernière phrase pour ne pas laisser à son hôte le temps de s’imaginer que les deux patrouilleurs allaient rappliquer soudainement à sa porte.

Scott resta sur le cul lorsque l’autre arriva l’air de rien dans la cuisine. Il pensait le voir débarquer, armé et limite méfiant même si c’était lui qui lui avait dit de venir. Pourquoi était-il aussi amical ? Il lui faisait même à manger ou lui proposer de prendre un bain, ce qui serait pas de refus vu le peu de bain ou de douche qu’il pouvait prendre. Ou quand il pouvait en prendre, on ne pouvait pas dire que l’eau était propre elle-même. Ce n’était vraiment pas de bonnes conditions de vie mais c’était comme ça et il s’était adapté comme les autres. Ceux qui campés sur leurs positions refusant de s’adapter mourraient. C’était la seule option qui leur restait malheureusement.

- Non… Ne fais pas ça. Laisse-moi dans un coin et oublie moi. Je refuse de …m’adapter à ce genre de confort. Je ….

Le garçon s’était énervé soudainement alors qu’il avait suivi son hôte, sans rien dire. Mais il était trop perturbé par les actions de son interlocuteur pour réagir avant. Il ne pouvait vraiment pas accepter autant d’hospitalité. Il pourrait encore moins supporter ce qui se passait en bas même si ce n’était que pour quelques heures ou une nuit. Il n’avait aucune idée de quand la sécurité baisserait et quand il pourrait repartir.

- Je ne veux pas quitter le manteau.

Les yeux baissaient vers le sol, il serrait entre ses doigts les pants de son long manteau. Il y avait les médicaments qu’il devait rapporter. Il devait descendre pour aider les gens qui avaient besoin. Le petit frère de Marie n’avait pas attrapé une maladie très grave mais avec le manque d’hygiène cela avait rapidement dégénéré et sans les médicaments le petit était voué à mourir. Alors Scott devait revenir. Le père de Marie allait mal, il ne vivrait pas bien longtemps et elle avait déjà perdu sa mère. Elle ne pouvait pas perdre son petit frère. Il avait perdu ses parents et sa sœur de cœur, il avait eu un mal fou à reprendre goût à la vie. Il avait voulu mettre fin à ses jours mais c’était bien trop lâche. Il avait pris la décision d’empêcher ses proches de connaître la même peine, les mêmes horreurs et ce désespoir qui faisait perdre toutes envies de vivre.

Scott resta un long moment figé dans la salle de bain où il était. Il n’osait pas céder à la tentation. Il avait l’impression de trahir ses compagnons. Mais il était chez quelqu’un et il savait qu’il était loin d’être propre et présentable. Il poussa un long soupir alors qu’il déposa ses affaires dans un coin et se glissa sous la douche. Il alluma l’eau et fit exprès de n’utiliser que l’eau froide. Il n’avait pas l’habitude d’avoir de l’eau chaude en bas, sauf s’il s’amusait à faire un feu pour la chauffer sous un bidon. Alors il n’avait aucune envie de s’habiter à l’eau chaude ici. Une douche et il se savait capable d’avoir de nouveau du mal à se laver à l’eau froide.

Lorsqu’il eut fini, il sortit et se sécha avec ce que son hôte lui avait donné avant d’enfiler les fringues propres. Il se regarda dans le miroir qui n’était pas en pièce ici. Il arrivait donc à se voir complètement. Une fois propre, il avait un visage agréable à voir. Il était presque mignon si on oubliait les cernes qu’il avait. Il avait vraiment besoin de se reposer. Mais le pourrait-il dans cette maison ? Il était chez l’ennemi. Même si le type semblait assez brave pour l’aider, il ne se sentait pas capable de dormir sous son toit. Il aurait bien trop peur d’être tué dans son sommeil ou alors traîné chez les autres lorsqu’il était sans défense.

Soupirant une nouvelle fois en l’espace de quelques minutes, il attrapa le manteau rempli de médicament, laissant ses autres affaires sales dans un coin avant de retourner retrouver son hôte. Il n’avait pas enfilé le manteau mais il le gardait sous la main.

- Hm, Fut la seule « parole » qui franchit les lèvres fermées du jeune homme qui s’était retrouvé dans la cuisine en compagnie de son hôte. Il ne savait pas quoi dire. Il n’allait pas insister plus longtemps sur le fait qu’il le détestait et n’avait pas confiance. L’autre devait l’avoir compris depuis le temps. Il devait bien se douter que Scott n’allait pas changer d’avis juste parce qu’il avait un peu d’aide. C’était une trêve temporaire et moins ils parleraient moins ils auraient de regrets lorsqu’ils se rencontreraient à nouveau sur le terrain en tant qu’ennemis.

- Il va falloir que tu m’expliques un truc, pourquoi aider alors que tu pourrais très bien me vendre et te faire une jolie prime. Je suis celui avec les médocs …

A côté des trois démons qui n’étaient que des bêtes sanguinaires aux yeux des gens, les gens de Midgard ne devaient pas trop les voir autrement, les gardes et autres personnes travaillant pour le gouvernement n’étaient que des chiens à la solde de leur maître. Ils obéissaient comme de bons toutous attendant un os en récompense. Alors pourquoi Diable ce gars-là n’était pas comme eux ? Même s’il était un « beau connard » aux yeux de Scott, il restait différent et incompréhensible.

- Et si je veux passer la frontière demain, faut que je dorme aussi. Mais je refuse de dormir ici, chez l’ennemi. Je ne peux pas te faire confiance. C’est pas possible.

Scott était devant son assiette, n’osant pas y toucher. Son estomac était noué. Et il avait déjà mangé lorsqu’il était dans le quartier abandonné. Il avait eu une ration bien suffisante pour voir ce qu’il mangeait en temps normal. Il avait souvent qu’un quart de ce qu’il avait eu même s’il faisait partie des privilégiés pour se nourrir quand une mission approchée. Le reste du temps c’était les enfants et les personnes faibles. Les personnes âgées, ce qui n’était autre que les personnes dépassant les cinquante ans, avaient déclaré inutiles de les protéger car ils avaient déjà bien vécu.

Scott n’avait pas réagit lorsque son hôte était allé nourrir les rats. Il l’avait laissé faire, ne bougeant pas d’un pouce et ne répondant rien. Il faisait bien ce qu’il voulait. Il était chez lui après tout et Scott n’était qu’un intrus qui cherchait juste un endroit assez sûr pour s’abriter sans gaspiller ses forces. Il ne demandait pas d’être log comme n’importe qui d’autres. Il ne voulait pas ça. Juste un coin où rester en sécurité. Alors pourquoi l’autre s’acharnait à s’embêter avec lui ?

Scott hocha la tête, acceptant la proposition. Il avait bien envie de ramener la nourrir en bas. Il pourrait la partager avec les gens qui en avaient le plus besoin. Il n’était plus vraiment affamé après ce qu’il avait mangé. L’emporter était donc la meilleure solution. Surtout qu’il risquait d’y avoir bon nombre de blessés après le renforcement de la sécurité.

- Ça n’efface rien c’est sûr, mais ça sera d’une grande aide.

Le rebelle n’avait pas non plus de dire merci. C’était son ennemi et il refusait de se montrer gentil malgré l’accueil qu’on lui offrait. Et puis, il préférait dormir par terre. Il n’avait pas de lit chez lui, juste quelques couvertures sur le sol. Enfin une assez épaisse malgré l’état déplorable dans lequel elle était qui lui servait de matelas et une autre plus fine qui lui servait de couverture. Les conditions dans lesquelles il vivait faisaient partie des pires possibles en bas. Certains avaient plus de confort mais comme pour la nourriture, les rebelles privilégiaient les personnes fragiles et faibles.

- Et ne te sens pas obligé de faire la conversation. Je te l’ai dit, je peux rester dans un coin, assis, ça me suffit. Tu peux même me foutre dans un placard, je ne dirai rien. Cela sera sans doute jamais pire qu’en bas ou que de faire face aux monstres.

Monstres faisait référence aux trois démons. Deux étaient de sortie souvent ces derniers temps. Le dernier semblait plutôt être cantonné à des missions de plus grande importance. Scott n’en était pas sûr, mais c’était les rumeurs qui circulaient depuis quelques temps parmi les rebelles. Certains avaient du entendre des gardes en parler pour lancer ce genre de rumeurs. En bas les rumeurs étaient rarement lancées sans le moindre fondement. Il ne fallait pas jouer avec les mots et pousser ses camarades dans le pétrin à cause de ça. Ainsi tout le monde faisait attention à ce qu’ils disaient.

- Tu t’attends sérieusement à ce que j’arrête de faire la tronche ou que je te repousse ? C’est pas toi qui vit en bas et risque ta vie chaque jour. Et puis t’avais qu’à pas me proposer de venir chez toi si c’était pour m’en vouloir. Je vis une vie de merde et si j’ai pas envie de sympathiser avec un gars qui torture mes camarades, j’ai le droit, non ?

Scott n’avait pas apprécié que son hôte semble lui reprocher son attitude. Il espérait vraiment que le blond allait être tout souriant et tout accepter ? Il ne fallait pas rêver. Scott était un rebelle avec une belle vie de merde et des soucis gros comme des montagnes. Certes, pauvre sou riches, tout le monde pouvait avoir des problèmes. Mais l’argent en réglait beaucoup ou permettait de se détendre plus facilement ; Lui, il n’avait rien de tout ça.

- Tu peux fonder une famille, baiser tranquillement ta copine, avoir des animaux, t’amuser. Nous, non. On a rien en bas. On doit lutter contre les maladies les plus minimes tout ça parce que des gros porcs ont décidé qu’ils étaient les Dieux et pouvaient choisir qui iraient crever en bas et qui auraient droit au luxe. Ce ne sont pas dieux ! Ce sont des humains comme tout le monde mais ils ont eu les couilles de décider qu’ils seraient des dieux alors vous les laisser faire bêtement pendant que d’autres crèvent pour un oui ou un non ! Alors tu peux faire la gueule ou me foutre dehors, je ne changerai pas d’avis !

Sous la colère, Scott s’était brusquement levé pendant son long discours sur le monde d’en haut qu’il détestait tant. Finn ne méritait peut-être pas ce genre de paroles, mais Scott n’en avait que faire. Il détestait tous ces gens qui se plaignaient que les rebelles soient qu’une bande de sauvage. Mais avaient-ils vraiment conscience de ce qu’ils vivaient chaque jour ? Des sacrifices qu’ils devaient faire ? Ils ne pouvaient pas avoir de famille, pas moyen de se détendre dans un monde aussi sombre et dangereux pour eux, et la moindre maladie pouvait les emporter pour de bon. Les seuls enfants étaient ceux qui étaient nés en haut et qui n’avaient pas eu la chance de pouvoir y rester.

Scott pâlit d’un coup. Finn avait touché un point sensible pour le jeune homme. Il était puceau et n’avait jamais eu la chance de connaître les plaisirs de la chair. Il n’avait pas non plus aidé puisqu’il avait toujours fui les gens pour ne pas se rapprocher d’eux et les voir mourir soudainement comme il avait perdu ses parents et sa sœur de cœur, ainsi que d’autres camarades auxquels il s’était attaché malgré lui.

- Tes amis tu te les gardes, Cracha-t-il en se réinstallant sur la chaise où il était à la base et dévia volontairement le regard à l’autre bout de la pièce. Il avait vingt-quatre ans et il était puceau. Ici, c‘était la honte. Mais beaucoup de jeunes en bas n’avaient pas le temps ni la chance de passer à l’action avant un moment. Il était tellement courant de choper des maladies pendant le sexe qu’il était considéré dangereux d’avoir des rapports avec n’importe qui ou trop souvent. Les protections n’étaient pas accessibles à toute la population. C’était comme les médicaments, ils en avaient rarement et ce n’était clairement pas leur priorité.

- C’est bon, t’as gagné, je te laisse, S’exclama-t-il en se relevant. Il avait honte, mais pas autant que n’importe quel gars qui serait encore puceau à son âge. Il trouvait ça plutôt normal pour un garçon venant d’en bas de ne pas encore avoir « tiré son coup » pour être vulgaire. Mais il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir tout de même assez honte. Surtout que l’autre ne semblait guère plus âgé que lui.

Lui et sa grande gueule feraient mieux d’apprendre à se taire. Il s’était énervé et avait envenimé les choses alors qu’il avait un moyen sûr de passer la nuit, ou du moins quasiment sûr. On n’était jamais cent pourcent sûr quand il s’agissait d’ennemis à la base. Il allait peut-être mourir ce soir, tout ça parce qu’il avait pas su se taire et profiter de l’occasion. Mais c’était plus fort que lui. Il ne pouvait pas accepter les gens trop gentils de peur de finir amis et que ça se finisse mal. En plus devenir ami avec un gars d’en haut, ce serait vraiment la pire des trahisons qu’il pourrait faire au sien, après les abandonner et s’installer clandestinement ici.

- Puceau ou non, cela ne va pas changer ma durée de vie ! Et puis à quoi bon connaître un truc qu’on ne peut pas consommer comme on veut ! Et je n’ai pas envie de tester, c’est tout !

Scott et sa mauvaise foi venaient de briller durant ces dernières paroles. Il en avait conscience, mais il en avait marre que l’autre prenne son pied à se foutre de sa gueule. Même si lui n’avait pas été gentil, c’était bas et gamin de faire ce genre de choses. Le blond n’avait qu’une envie, c’était partir et ne plus voir la gueule de son hôte et son sourire ravi.

- Même si t’en parles plus, j’ai plus envie de voir ta tronche !, S’exclama Scott, les joues rouges sans s’en rendre compte. Il ne les avait pas senti chauffé sous la gêne et bien que la teinte n’était pas extrême, elle était facilement repérable pour quelqu’un comme Finn qui était un chef d’interrogatoire. Il devait être bon observateur pour déceler les mensonges des gens sinon il n’aurait sans doute pas atteint un post aussi élevé.

- Parce que même si t’en parles pas t’as ce petit sourire de gamin ravi d’avoir pu se foutre de la gueule d’un ….

Scott se prit la tête entre les mains avant de laisser échapper un « raaah » signe de sa frustration. Il n’avait pas eu de cours, il avait appris comme ça grâce à ses aînés mais il n’était pas aussi cultivé que ceux d’en haut. Il ne pouvait donc pas connaître autant de choses qu’eux et niveua vocabulaire, il avait souvent du mal. Par chance, il ne parlait que peu ou sur des sujets simples et n’avait pas à se prendre la tête en général. Mais là, il tentait par tous les moyens de coincer l’autre et rien à y faire, il devait être trop con.

- Vas-y fous-toi de ma gueule ! En plus d’être puceau, je suis con !

- T’as gagné ! Je crève d’envie de connaître ce que ça fait ! Mais je crève aussi d’envie de connaître d’autres choses alors …. Zut !

Encore une fois il en perdait ses mots et encore une fois cela l’agaçait profondément. Pourquoi devait-il paraître aussi con devant son ennemi qui n’était autre que son hôte à ce moment-là. Par contre, la suite des paroles du plus grand le laissa bouchée, incapable de trouver les mots pour répondre. La situation lui paraissait complètement irréelle comme s’il faisait un mauvais rêve, non pas un cauchemar mais un rêve bidon et stupide.

- T’es sérieux ? Non parce que si c’est une blague c’est pas drôle, mec. Tu es en train de m’aider alors que tu devrais me coller derrière les barreaux !

Scott était tellement sous le choc qu’il n’avait même pas réagit lorsque l’autre lui avait ébouriffé les cheveux. Pourtant ce n’était pas le genre de gestes qu’il appréciait. Il avait vingt-quatre ans, ce n’était plus un gosse. Il le faisait à Marie ou à son petit frère lorsque celui-ci était encore sur pied, mais jamais il ne le ferait à quelqu’un qui avait dépassé la vingtaine depuis un petit moment. Il trouvait ça trop rabaissant pour la personne. Mais là, il n’y pensait même pas, bloquant encore sur la proposition de son hôte. Il ne savait pas si c’était un piège ou non ou une sorte de caméra cachée et que la vérité allait lui revenir en pleine figure d’un instant à l’autre. Mais si c’était vrai, c’était sa chance.

- Mais si tu fais ça, tu pourras pas non plus me laisser agir à ma guise ….Enfin … Bordel, c’est une trahison. Toi qui à l’air d’être quelqu’un qui tient à ton petit confort pourquoi tenterais-tu de le jouer en pariant sur ma pomme ? Sérieux, je pige pas !